Les yeux de Lilina brillaient en découvrant l'objet dans ses mains, enveloppé dans un tissu souple. "C'est un kadang katangais, celui-là même qui m'a servi ces années durant. Il est à toi, désormais". Et c'est ainsi, son regard se portant alternativement sur le kadang katangais et sur le visage familier du professeur, que Lilina le vit prendre son malki bongo, épousseter son hakama, rajuster son baluchon et se diriger vers la station de téléglide.
Me voilà seule maintenant pour gérer le campus. Elle recouvrit le kadang katangais de sa protection et se promit de ne l'utiliser qu'en cas d'extrême nécessité comme le faisait le professeur. Un objet aussi puissant ne doit pas être utilisé à la légère. Et elle regagna le bâtiment principal. Une théorie de martinets survolait l'université, elle leva la tête, le printemps était là et elle se mit à chantonner : j'ai sous les pieds un chien mal écrasé mais ça va passer, j'vais changer d'souliers.
- Vous pioncez ?
Lilina releva la tête en sursautant.
- Ah ! Merde ! le gardien chef , le musée du Louvre.
Que fait-il ici sur mon campus? Je n'ai pas envie de lui parler maintenant, surtout avec mon kadang katangais dans les mains.
Elle changea de direction pour éviter le gardien chef, qui continuait à haranguer l'étudiante prise en flagrant déli de sieste, et tomba sur une touriste japonaise qui lui demanda où était la Vénus de Milo. C'est alors qu'elle s'aperçut qu'elle était vêtue d'une tenue de gardien de musée, que le sol était en bois et non en béton, et que la cour du campus était entourée de murs eux-mêmes couverts de tableaux. Elle était bien au musée du Louvre.
"Dites donc, c'est pas le moment ni de pioncer, ni d'aller aux toilettes, la salle est pleine de monde, y'a des gamins qui ne demandent qu'à courir dans tous les sens. Vous allez me jeter un oeil sur ça, plutôt que de jouer avec votre casse-tête chinois, là."
Instinctivement, Lilina regarda entre ses mains et vit le kadang katangais. Ses vêtements, papiers et bijoux avaient disparu et été mystérieusement remplacés et c'était le seul objet qui l'avait suivi de Vyuomji. Lilina, désemparée, suivit du regard, un homme au grand manteau sombre et chapeau qui traversait la salle, instinctivement elle le suivit.
-Je suis en retard, Degas, tu es en retard
- J'avais vendue 500 francs, les" Danseuses à la barre" elles ont été adjugées en cet après-midi 430.000 francs , Je ne crois pas que celui qui a peint ce tableau soit un sot, mais ce dont je suis certain, c'est que, celui qui l'a acquis est un con.
Elle sentit tout d'un coup une main s'abattre sur son épaule:
"Opopop, tu te fous de moi, c'est ça? Ca fait combien de secondes que je t'ai dit de rester ici? Tu as déjà oublié?
- Euh, je suis désolé, monsieur le gardien-chef, souffla Lilina, qui n'arrivait pas à s'habituer à son nouveau rôle, je ne me sens pas dans mon assiette.
- Ah bon? alors écoute-moi bien. Ta prochaine pause, c'est dans une demi-heure. Tu te dém..... pour tenir jusque-là, et après tu vas dans la salle de pause, tu te délestes de ton gadget, et tu récupères ton assiette à la place, compris?
- Compris" opina Lilina.

Heureusement pour Liliana le videur était fort magnanime (et fort hétérosexué, comme quoi, hein, on dit que les hommes ont plein d'avantages mais pas celui de se faire inviter par un bouncer à prendre un café même si on cache pour plus de *nombre à 3 chiffres*  empruntés dans son chez-soi.)
Sur ce, Liliana rentra à la maison le coeur léger en se demandant où était la justice.
Quand soudain, une sourde douleur lui déchira la tempe , l'obligeant à revenir à la réalité, enfin à une certaine réalité, elle n'était pas à la maison, pas à l'université, elle était là figée au milieu des Rubens ,

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